Accompagnement des planteurs de maniocs et mise en place d’une cassaverie pour assurer la transformation du manioc à Bombardopolis

Le manioc occupe une place prépondérante dans la production vivrière de la commune de Bombardopolis. Les caractéristiques agronomiques de cette culture favorisent son adaptation à la répartition inégale des pluies. Selon différents rapports d’études, le manioc représente 40% de cette production et de ce fait y  joue un rôle  socioéconomique  important. La culture représente non seulement une source de revenus pour des milliers de producteurs et les différents corps de métiers opérant dans la filière. La demande locale de produits transformés à base de manioc jointe à celle de la ville des Gonaïves située à proximité de Bombardopolis ont été les principaux facteurs sur lesquels reposait le manioc pour jouer le rôle de moteur économique.

Toutefois la dégradation de l’environnement suivie de la perte de la fertilité des sols, conjuguée à l’absence d’interventions pertinentes sur la filière, a entrainé son déclin durant ces deux dernières décennies. Le rendement à l’hectare a chuté de façon drastique, passant de 7 tonnes à l’hectare en 2000, à 4 tonnes à l’hectare en 2010. 

Les actions d’ADEMA sur la filière depuis plus de 5 ans essaient d’apporter des réponses pertinentes à ses principaux goulots d’étranglement dont les plus importants sont :

• La faible disponibilité en capital pour l’achat des intrants (outils, pesticides) et le paiement de la main d’œuvre externe,
• La dégénérescence des variétés locales entrainant leur faible productivité,
• Les pratiques culturales non conversationnistes,
• Les méthodes de transformation artisanales pénibles et contraignantes.

Descriptif de l’action

Description des activités :

• Renforcement des capacités de trois organisations dont Asosyasyon Plantè ak Machann Premyè Seksyon Bonbadopolis (APMPB), Òganizasyon Plantè ak Machann Bonbadopolis (OPMB) et Asosyasyon Plantè ak Machann Manyòk Plèn Doranj Bonbadopolis (APMAPB) respectivement liées aux trois sections communales de Bombardopolis.
• Accompagnement des membres de ces organisations de planteurs de la filière, les dotant de matériels nécessaires (extrants et intrants) à la plantation et des formations sur des aspects techniques (techniques de billonnage, fabrication d’engrais naturels, technique d’aspersion, fabrication d’insecticides naturels, formations sur hygiène, qualité, transformation et sur des aspects de gestion, le leadership et la gestion de conflits).
• Crédits agricoles et crédits commerciaux.
• Construction de la cassaverie localisée au niveau du marché communal.
• Mise en place d’un mode de gestion en lien avec la fédération formée des membres des trois organisations et l’implication d’un entrepreneur.

Objectifs :

• Augmenter la production tout en respectant l’environnement,
• Améliorer la transformation et la qualité des produits transformés,
• Améliorer la commercialisation locale et régionale du manioc et des produits dérivés,
• Rendre plus résilients les planteurs de manioc de Bombardopolis,
• Faciliter et influencer la production de manioc à Bombardopolis.

Résultats attendus:

• Les planteurs de manioc sont plus résilients face aux risques et désastres ;
• Les cassaves produites à Bombardopolis sont commercialisées sur l’ensemble du pays.

Zone géographique: les 3 Sections communales de Bombardopolis.

Partenaires: Union Européenne (UE) / Coopération Allemande (BMZ)

Mode de gestion: La cassaverie est louée à un entrepreneur de la zone mais reste sous la gestion de la Fédération des Associations de Planteurs de Maniocs à Bombardopolis (FAPMAB).

• La production du manioc est augmentée à travers l’effet conjugué de nouveaux itinéraires techniques et de nouvelles variétés.
• Les produits transformés sont diversifiés et de meilleure qualité.
• De nouveaux marchés sont pénétrés grâce à l’amélioration des techniques de transformation et des systèmes d’information.

Chiffres clés

• Nombre de planteurs bénéficiaires : 272 planteurs dont 130 au niveau de la première section, 80 au niveau de la deuxième section et 62 au niveau de la troisième section.
• Mise en place de 12 Champs écoles (séances de formation réalisées au milieu des jardins. Les champs écoles consistent non seulement à susciter la rencontre entre les membres des associations mais aussi représentent un climat favorable pour parler de l’agriculture).
• Formation de 272 planteurs sur les nouveaux itinéraires techniques liés à la culture du manioc.
• Introduction de 100 000 boutures de la variété CMC40.
• Etablissement de 100 hectares de parcelles avec la variété CMC40.
• Mise en place d’une unité de transformation de manioc équipée d’une râpe motorisée, d’une presse à poulie, d’un espace de cuisson avec 5 platines, d’un espace de vente et d’un réservoir d’eau.
• Renforcement de l’outillage et des équipements au moyen de 400 dérapines,  12 pelles, 9 pinces, 293 machettes, 24 pompes d’aspersion,15 râteaux et 9 brouettes.

• Appui financier de l’ordre 2 105 000 gourdes à trois associations de producteurs pour faciliter les travaux de préparation de sol suivant les techniques préconisées
• Mise en place d’une boutique d’intrants agricoles
• Augmentation du rendement du simple au triple (de 4 tonnes à 12 tonnes)

« Le support d’Adema m’a permis d’améliorer mes revenus. Grâce aux formations reçues, nous avons bien organisé nos plantations. La technique de billonnage me prend plus de temps et plus d’argent à la production mais le rendement est beaucoup plus satisfaisant puisqu’avant il n’était pas possible de faire 350 cassaves avec 4 paniers de manioc. Je vends mes paniers de maniocs à cinq cent gourdes à la cassaverie et je réinvestis mes bénéfices dans d’autres petites activités commerciales pour améliorer mes revenus. Je souhaite continuer ce genre de projets qui nous montrent comment pêcher au lieu de nous apporter du poisson » nous a confié Assefi, membre de l’Association des Planteurs et Marchands de la Première section de Bombardopolis (APMPB).

Mercidieu Excéus, le secrétaire général de APMPB salue cette initiative d’ADEMA visant à renforcer leur capacité en tant que planteurs. Il est conscient que ses membres deviennent depuis le début des activités plus résilients c’est-à-dire, qu’ils ont un revenu garanti dans la mesure où le manioc peut résister à un certain niveau de sécheresse. Leurs conditions de vie se sont améliorées. Sur le plan social, ils sont motivés à rester en association pour créer ensemble des stratégies visant leur bien-être collectif. 

Voir cette vidéo réalisée par une délégation de l’Union Européenne dans le cadre de la mise en oeuvre de ce projet.