Développement durable et assistanat
Trop longtemps, depuis qu’Haïti ne cesse de s’effondrer dans le trou noir de la pauvreté. Nous avons prié tous les saints, chanté beaucoup de chansons et même appelé les loas. Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de poser le problème de l’assistanat comme étant l’une des barrières empêchant l’atterrissage du Développement durable chez nous.
L’assistanat, si nous nous vouons à l’idée qu’il représente l’état expliquant tous ces gens d’une population n’ayant pas un travail mais dépendent des interventions publiques, privées ou sociales. Alors que le développement durable consiste à pérenniser par tous les moyens possibles ces trois critères de l’humanité à savoir le social, l’économie et l’environnement. Comment pérenniser le social si les interventions visent à casser le pouvoir à l’autre d’être indépendant ? Comment pérenniser l’économie si le commerce est privatisé ou concentré ? Comment pérenniser l’environnement si la société n’est pas en mesure de le protéger à travers leurs différentes actions utiles ? Lors du troisième sommet de la terre, à Rio de Janeiro en 1992, les participants ont travaillé sur l’adoption de trois conventions : le changement climatique, la protection de la biodiversité et la lutte contre la désertification (Voir l’Agenda 2021).
En Septembre 2015, les états membres de l’ONU ont avancé avec l’Agenda 2030 et adoptent 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) sur lesquels reposent les différentes actions à mener dans le monde. Les différents objectifs visent à améliorer la vie sur terre et si nous devions citer quelques thèmes résumant ces objectifs nous citerions : le partage, le travail, la santé, l’éducation, l’équité/l’égalité, l’eau potable, l’énergie renouvelable, les infrastructures de base et autres. En influençant toutes ces choses, ce qu’il faut éviter, c’est de conduire les gens dans l’indignité.
Dans la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen votée le 26 Aout 1789, la deuxième phrase de l’article premier, toujours écartée des récitals stipule que « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». D’autant plus, si cela a vraiment rapport au développement durable, il faut qu’elles projettent leur finalité vers l’avenir en répondant aux besoins urgents comme par exemple l’accès au logement, à l’eau potable, à la santé, à l’éducation et à l’électricité.
Il est temps de varier les modèles d’intervention, de localiser les aides et d’éviter le piège de l’assistanat qui ne vise qu’à faire des apaisements et nous citons : la distribution périodique de kits alimentaires, la distribution de cash inconditionnel, la distribution d’habits, etc sont les quelques points forts du maintien de l’assistanat. La personne humaine a besoin de fierté alors il serait mieux de l’aider à en obtenir. Elle a besoin d’un renfort pour déployer son énergie. Elle a besoin d’une source de lumière pour produire les siennes. Elle a besoin de se solidariser avec ses paires, de trouver le chemin du travail. La personne humaine a besoin de leaders responsable pour leurs montrer comment façonner un monde meilleur, juste et égalitaire. Elle a besoin de bonnes formations et d’informations. Elle a besoin d’exister par son courage. Laurent Wauquiez, un homme politique français, dans un entretien, a fait savoir que pour faire du social, il faut miser sur des activités, quel que soit la fragilité de la situation. C’est Victor Hugo qui a dit un jour qu’aimer quelqu’un, c’est lui donner de l’importance à ses propres yeux, l’aider à croire en lui-même. La personne humaine est assoiffée de prendre des initiatives en groupe (associations et organisations), alors mettons-nous dès aujourd’hui à intervenir comme ADEMA dans le renforcement des associations, des structures sociales et publiques (OSC, OCB et CLPC), favoriser la production agricole, la pêche et l’élevage, diminuer les risques de catastrophes, revaloriser l’offre éducative et accompagner les membres de la collectivité à travers des actions dirigeant sur la bonne gouvernance…
Vous, leaders responsables et membres de la communauté, il est de votre devoir de prendre en compte ses nombreux atouts que vous possédez et de les transformer en valeur (produits). Aucun pays du monde n’a réussi avec de la paresse mais par le courage et la force de travailler constamment pour avancer avec le progrès. Cultivez vos terres, soignez vos bétails, éduquez vos enfants, maintenir la pêche et organisez-vous par des actions mutuelles pour solidifier vos revenus. En vérité, si vous considérez bien toutes ces ressources naturelles placées à votre disposition, vous ne connaitrez pas la couleur de la faim et vous serez résilients économiquement.
Christ-Falin ORALUS
Chargé de communication pour ADEMA
Source : Pale…Aji, NO 8, Mars 2021, Page 3